Mémoires de la forêt. Mickaël Brun-Arnaud

Il va m’être dur de parler de ce roman que j’ai adoré. Offert à mon fils, ma mère m’a conseillé de le lire avant car elle ne réalisait pas vraiment si cela lui était adapté et s’il était assez mature pour le lire. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir et je le recommande aux adultes et aux jeunes adolescents ! C’est un roman subtil qui évoque avec délicatesse la maladie d’Alzhmeir et plus largement la vieillesse et la mémoire.

Dans la forêt de Bellécorce, vit Archibald Renard. C’est le libraire. Chaque animal vient déposer son livre. Chaque livre est unique. Le jour où Ferdinand Taupe entre au ceux du chêne de Renard va changer le cours de la vie d’Archibald. Ferdinand Taupe cherche un ouvrage, celui qu’il a écrit. Il le cherche car ses souvenirs fuient. Il en a besoin afin de se rappeler des choses qu’il a faite, des gens qu’il a aimés. Malheureusement Archilbald a vendu cet ouvrage et il ne se souvient plus à qui. Ferdinand Taupe lui explique alors l’importance de ces mémoires : « J’ai retrouvé chez moi un papier qui mentionnait un rendez-vous avec le docteur Hibou auquel je ne me souviens pas m’être rendu, et c’est la maladie de l’Oublie-Tout, celle qui vient et qui prend tout, des souvenirs les plus flous aux baisers les plus doux. » (p. 35). C’est alors qu’aidés de vieilles photographies et de bribes de souvenirs, Archibald et Ferdinand vont prendre les chemins forestiers pour essayer de retrouver l’histoire de Ferdinand et surtout savoir ce qui est arrivé à Maude, l’épouse de Ferdinand Taupe. Ce périple est donc aussi une enquête, ils vont alors échanger avec Pétunia Marmotte dans son salon de thé, ils assisteront au concert de Duchêne le Hibou, puis ils rencontreront le postier Brisevent la mésange et feront une longue halte chez Elisabeth la Poule à La retraite des Plumes d’Elisabeth. Chaque animal est touchant, ils ont tous connus Maude et chacun contribue à la quête du vieil animal. Petit à petit Archibald et Ferdinand vont apprendre ce qu’il s’est passé plusieurs années auparavant.

La manière dont Mickaël Brun-Arnaud raconte cela est très touchante, il n’y a rien de dramatique dans ce récit, au contraire c’est subtil et doux, l’histoire est pleine de charme et de tendresse. On comprend la perte de repères qu’entraîne la perte de la mémoire mais aussi le sentiment d’angoisse qui en découle. Il raconte le décalage entre les temporalités de cette petite Taupe qui passe du présent au passé. La petite Taupe est accompagnée de son ami le libraire permet aussi à l’auteur d’évoquer l’impact sur l’entourage. « Accompagner quelqu’un atteint de la maladie de l’Oublie-Tout, c’est accepterd’apprendre à prendre le temps; celui de laisser faire même quand ‘l’autre échoue, prendre le temps de tout dire et montrer pour ne jamais surprendre, prendre le temps d’expliquer sans jamais poser des questions auxquelles l’animal malade ne saurait répondre. » (p. 288) A de nombreuses reprises Archilbald Renard est déstabilisé par les questions ou l’agressivité de Ferdinand, et puis peu à peu il arrive à mieux gérer les émotions de son compagnon et à la fois à l’entourer et à l’accompagner dans ses questionnements. C’est un roman qui aborde avec beaucoup de bienveillance la question de la maladie mais aussi l’amitié. J’ai trouvé ce roman très émouvant et j’ai versé quelques larmes notamment sur ces pages : « Quand on accompagne son papa atteint de la maladie de l’Oublie-Tout […] ça veut dire qu’on accepte de perdre ce qu’il représentait pour nous, c’est perdre beaucoup : l’histoire qui rassure avant de s’endormir, le baiser sur l’écorchure après la chute, la promesse que tout ira pour le mieux. » :>

Mon fils aîné ne l’a pas encore lu (le petit attendra quelques années), en revanche (c’était un cadeau commun à Noël) il m’a demandé si je pensais qu’il pourrait le lire, je lui ai donc déjà expliqué le sujet et on a parlé de la maladie de la mémoire et de la perte de la mémoire plus généralement quand on vieillit. Il est intrigué. Il lira bientôt le roman, j’ai hâte d’avoir cet échange avec lui :>

La carte postale. Anne Berest

La carte postale – Anne Berest (Grasset)

Sur mes étagères depuis Noël, j’avais beaucoup vu ce roman sur Instagram mais j’attendais, j’attendais que ça se calme sans lire trop les avis (même si j’avais bien vu que le roman était très apprécié). Et puis cet été, relancée par une amie, j’ai décidé de l’emmener dans mes valises. Bien m’en a pris ! En deux petits jours, il était terminé mais néanmoins l’histoire trotte encore dans ma tête. Je m’attendais à quelque chose de léger et finalement pas du tout, cette histoire m’a remuée, cette histoire m’a interrogée.

J’ai été happée par ce récit et par cette recherche : qui a pu écrire cette énigmatique carte postale et l’envoyer ? pourquoi l’opéra de Paris sur la carte ? pourquoi ces quatres prénoms ? qui sont Ephraïm, Emma, Jacques et Noémie ? pourquoi écrire leurs prénoms sur une carte presque 60 ans après leurs morts dans les camps ? En même temps que l’autrice j’ai plongé dans cette histoire de famille qui nous mène des années 30 à la fin de la seconde Guerre mondiale. J’ai suivi avec passion l’autrice qui se lance dans une quête identitaire. Elle s’interroge sur son passé, sur le destin de ses ancêtres, la famille Rabonivitch, ses arrières grands-parents, qui finalement sont bien présents dans sa personnalité. Se confronter à son passé, c’est aussi mieux se comprendre, mieux se connaître pour l’autrice. C’est une histoire de famille envoûtante, elle nous parle de la Soah, du sort des familles juives, des déportés, des survivants et des descendants. Anne Berest écrit avec une plume douce et sensible et cela bouscule. J’ai souvent eu le coeur serré en lisant… une lecture prenante pour une histoire passionnante.

La plus secrète mémoire des hommes. Mohamed Mbougar Sarr

La plus secrète mémoire des hommes – Mohamed Mbougar Sarr (Philippe Rey – prix Goncourt 2021)

Comme vous le savez, je lis assez peu de roman contemporain, et souvent après tout le monde. Le prix Goncourt 2021 m’a été offert à l’automne mais il a patienté sagement que je sois disponible pour le lire. Et en effet il faut avoir l’esprit disponible pour le lire. La plume de Mohamed Mbougar Sarr est exigeante et savante (que de mots que je ne connaissais pas), je l’ai lu presque d’une traite par peur de perdre le fil de cette histoire ou plutôt devrais-je dire de cette quête. Malgré cette lecture rapide, j’étais parfois perdue et je ne comprenais pas qui parlait, mais à chaque fois on retrouve vite le fil et petit à petit, le puzzle de l’histoire se forme sous nos yeux. C’est un roman hardi qui pose de très nombreuses questions et à la trame romanesque complexe.

Ce roman raconte une quête, celle d’un écrivain sénégalais, Diégane Latyr Faye, un livre disparu mais qui avait fait sensation lors de sa parution en 1938, il s’agit du Labyrinthe de l’inhumain, écrit par un auteur africain, T.C. Elimane, depuis lors disparu. Cet auteur est toujours demeuré silencieux et invisible malgré les nombreux débats qu’il a suscité à la parution du livre : est-ce possible qu’un Noir écrive si bien ? est-il un plagiaire ? Diégane entraîne alors le lecteur dans un cercle de jeunes auteurs africains et il s’attache à deux femmes, Siga, la détentrice de secrets et la photo journaliste Aïda. Peu à peu, par brides, on découvre le passé d’Eliane mais c’est aussi pour Diégane un moyen de s’interroger sur son écriture, le roman devient alors roman d’apprentissage car cette quête littéraire devient peu à peu une quête existentielle, Diégane veut trouver l’Homme qui est lui. On circule de l’Afrique à Paris, jusqu’à Buenos Aires, on remonte à l’époque des Tirailleurs sénégalais. La narration alterne entre récit, témoignage, enquête : une construction savante et une structure polyphonique.

Le roman m’a semblé aussi être une mise en abîme de l’auteur lui-même, du moins pour la partie création littéraire. Il y a de très nombreuses réflexions sur la littérature, son pouvoir, son but comme celle-ci que je trouve assez juste : « Les grandes oeuvres appauvrissent et doivent toujours appauvrir. Elle ôtent de nous le superflu. De leur lecture, on sort toujours dénué : enrichi, mais enrichi par soustraction. » (p.47) ou encore « Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. » (p.50 – et comment ne pas penser à Flaubert à ce moment-là). Plus on avance dans l’intrigue, plus l’auteur s’interroge sur la littérature africaine et sur les liens franco-sénégalais.

Je vous laisse sur cette réflexion finale : « Il se peut qu’au fond chaque écrivain ne porte qu’un seul livre essentiel, une oeuvre fondamentale à écrire, entre deux vides. »

Alma. Timothée de Fombelle

Alma – Le Vent se lève – Timothé de Fombelle (Gallimard Jeunesse)

Quelle lecture ! J’ai lu d’une traite hier soir presque la moitié du roman pour le terminer. Alors que ça commence plutôt tranquillement, le roman offre une intensité dramatique très forte et j’ai adoré cette lecture ! Je vous la recommande fortement (c’est une trilogie, Alma, Le Vent se lève est le premier roman, le second devrait paraître bientôt).

Voici un roman d’aventures comme j’en ai rarement lu. Timothée de Fombelle mêle le récit d’un peuple, les Okos, peuple de la vallée d’Afrique à la grande histoire, celle de la traite des esclaves, celle des bateaux négriers et du commerce des esclaves. La construction du roman est assez impressionnante, l’auteur parvient à relier tous les fils alors que tout paraît bien décousu au départ. J’ajoute que l’écriture est belle, l’auteur ne cherche pas la facilité, il y a du vocabulaire, des phrases élaborées (on oublie qu’on lit un roman jeunesse). Difficulté supplémentaire, les personnages sont nombreux et chacun vit son aventure. Alma est l’héroïne, quelle plaisir ! une jeune fille héroïne ! Alors que son petit frère disparaît, elle se lance sur ses traces sans se douter de ce qu’elle va devoir affronter. C’est une jeune fille lucide, elle a du merveilleux dans son attitude. Courageuse mais réfléchie, elle tente de faire au mieux pour retrouver son frère. Il y a aussi son père, Mosi, à la recherche de son frère et de sa fille. Et puis Nao, leur mère, qui connaît un autre destin.

« Nao, sous son banc, chante tout bas le mot « liberté ». Et dans sa langue ce mot se dit alma. Elle raconte le raffinement de ce peuple; la beauté des jardins, le pouvoir des docteurs et des griots, la bravoure des guerriers. ils portent le même nom que les oiseaux qui vivent avec eux depuis toujours : les okos, des oiseaux-mouches vert émeraude au bec d’argent. »

Sur La Douce Amélie, Joseph Mars, apprenti charpentier s’est glissé discrètement pour faire partie de l’aventure. Il recherche un trésor. Le capitaine Gardel veut le trésor et des nègres, ils sillonnent les mers du Sud. Mais il y a aussi le cuisinier Cook dont il faudrait parler, Parladi, le chirurgien et enfin Poussin, le charpentier, si indispensable pour construire des barrières ou finaliser des cages. Chacun poursuit irrémédiable sa quête.

Alma, c’est à la fois un récit fabuleux, un roman d’aventures, un roman de pirates mais aussi le récit de la traite des esclavages : depuis leur recherche sur leur terre jusqu’à leur vie dans les bateaux à fond de cale : « Jour après jour, Alma va découvrir le quotidien de cette prison flottante : la chaleur, la puanteur, les cris pendant la nuit, les malades qu’on met à l’écart, ceux que l’on nourrit de force, ceux qui ne reviennent jamais dans l’entrepont, les requins qui suivent patiemment le navire. »

Vous l’aurez compris, je suis emballée par cette lecture captivante et je vous la conseille pour vous ou pour vos ado, pour bons lecteurs à partir de 10 ans.

Dans ce jardin qu’on aimait. Pascal Quignard

Dans ce jardin qu’on aimait – Pascal Quingnard (Folio)

Je n’avais jamais lu Pascal Quignard, je ne sais pas ce qui m’a mené à ce titre, sûrement le titre, sûrement cette tonalité nostalgique, cette pointe de regret qu’on y perçoit. En tout cas, ce roman est particulier… d’ailleurs est-ce un roman ? pas sûr du tout en fait. Ça ressemble à une pièce de théâtre avec quelques didascalies, des références au côté jardin / côté cour, une petite scène entre un père et une fille. Pour écrire cette histoire, Pascal Quignard s’inspire d’un personnage réel. Cet homme, c’est le Révérend Siméon Pease Cheney, un homme passionné de chant d’oiseaux ; tellement passionné qu’il les note et même qu’il compose des musiques en s’inspirant des bruits de la nature. Malheureuseument ses compositions sont refusées. Ce révérend a une fille Rosemund, qu’il chasse une fois adulte. Sa femme est décédée des années auparavant, c’est elle qui aimait ce jardin, qui le vénérait et s’y promenait si souvent. Ce sont les bruits de ce jardin qu’il tente de retranscrire dans sa musique, les bruits de ses souvenirs, les bruits de la femme qu’il aimait et qu’il aime malgré son décès. Dès lors il ne s’agit plus que d’une quête, d’une quête différente mais une quête tant pour le père que plus tard pour le fils.

C’est un texte poétique, lourd des amours passées, engourdi par le poids d’une femme trop présente et une relation très particulière entre la fille et le père, gêné par ce fantôme omniprésent. Il y a cependant quelque chose de doux dans cette relation, pourtant quelle cruauté de la chasser de ce paradis. C’est donc un récit, une scène de théâtre à part… douce et poétique, tendre et musicale… un récit un peu à part dont j’ai bien du mal à vous parler, mais qu’il faut lire, il reste quelque chose de l’ordre de l’émotion… Vous m’en conseillez d’autre de Pascal Quignard ?

Watership Down. Richard Adams

Watership Down (2)Voici un roman étonnant, une fable, un conte, une épopée… c’est beaucoup de choses en fait ce roman. C’est un roman où les animaux sont les héros, ce n’est pas forcément les romans que je préfère et auxquels j’adhère le plus, j’aime mieux le réalisme en littérature cependant je me suis laissée gagner par ce côté enfantin et ce conte.

Deux frères, le valeureux Hazel et le surprenant Fyver décident de fuir leur garenne menacée, ils sont suivis d’une poignée de lapins. Débute alors un trajet semé d’embûches pour trouver une nouvelle plaine plus accueillante, que de difficultés ! Et puis il faudra ensuite trouver des hases pour peupler cette nouvelle garenne. C’est donc une véritable épopée qui commence : que de dangers pour ces lapins, les renards, la pluie et les ruisseaux, les rapaces, les hommes… Ce récit met en avant la persévérance, la solidarité et le courage qu’il faut pour poursuivre son chemin. Une belle leçon donnée par ces lapins !

« La troupe était devenue plus méfiante, plus maligne ; les lapins savaient ce qu’ils voulaient, se comprenaient et travaillaient dans un esprit de solidarité. Plus de disputes. Ils s’étaient rapprochés les uns des autres, s’appréciant désormais avec moins de retenue, et comptaient davantage sur les compétences de chacun. Ils avaient conscience que leur survie dépendait entièrement de leur cohésion, et ils étaient bien décidés à ne rien gâcher de leurs atouts. « 

Watership Down, Richard Adams, Monsieur Toussaint Louverture (sept. 2016)

Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une. Raphaëlle Giordano

Voici le genre de roman que je ne lis que très rarement (je crois que je ne pourrais pas d’ailleurs), pour moi c’est le vrai roman de gare, idéal pour un long voyage ou une après-midi sur la plage.

Ta 2e vie commence...L’histoire est très simple (voire pauvre) : Camille, trente-huit, a tout pour être heureuse mais pourtant elle est minée par les tracas quotidiens, l’impression de ne pas vivre la vie qu’elle désire, une légère déprime récurrente… Jusqu’à ce qu’elle rencontre Claude Dupontel, routinologue et oui ! Il va alors lui proposer un accompagnement pour l’aider  à retrouver le sourire et un épanouissement personnel. La partie romanesque a manqué pour moi d’envergure et d’ambition. Les « rebondissements » sont trop faciles et prévisibles et l’histoire n’est qu’un embryon d’intrigue. Il faut davantage penser ce roman en terme de livre de développement personnel.

C’est cet aspect qui m’a parfois dérangé : cette impression de lire un manuel théorique. les mots importants sont en gras suivis d’une explication qui est en réalité une définition. Je n’ai pas aimé la typographie : ces passages en gras pour les conseils de vie importants mais aussi les citations (comme s’il fallait se justifier), pas besoin de mettre en évidence ces éléments, le lecteur est assez grand pour percevoir l’essentiel !

« Il va falloir aussi apprendre à poser vos limites et à les exposer à votre entourage, poursuivit Claude. […] Encore faut-il ne pas confondre empathie sèche et empathie mouillée ! Avec l’empathie mouillée, vous prenez à votre charge le pathos de l’autre, vous absorbez ses émotions négatives et vous finissez par aller mal, vous aussi ! Avec l’empathie sèche, vous arrivez à entendre et compatir avec les problèmes de votre entourage, sans pour autant vous laisser contaminer par son humeur brutal. Cette sorte de bouclier de protection est très utile pour ne pas se laisser aspirer. » (p. 81)

Le thème m’a fait sourire : le problème de la routine… problème auquel nous sommes tous confrontés, pas toujours évident de s’en débarrasser (et puis ça peut être aussi confortable et rassurant). C’est là qu’est l’effet « manuel », des conseils donnés dans lequel j’ai perdu le romanesque.Ce qu’il faut retenir (et c’est une sage leçon) ce sont quelques unes des clés et astuces données pour repenser sa vie, sortir de sa morosité et de ses petites déprimes : voir le bon côté des choses, sourire, penser positif et oser sa vie et non la rêver.

Tous ces conseils de psychologie positive sont donc associés à un roman (malheureusement pas assez romanesque à mon goût) mais cela constitue un ouvrage idéal pour les vacances, il a le mérite de rappeler qu’en souriant et en s’accablant pas de tout, la vie est plus facile et plus belle.

Le Quinconce. Charles Palliser

IMG_0644 J’ai commencé ce roman tout en sachant que je n’avais pas la suite sous la main, je n’aime pas cette sensation et j’espérais bien que la fin ne soit pas trop abrupte… Réponse en fin d’article 😉

Dès le début j’ai été conquise par l’atmosphère, l’Angleterre, le XIXe siècle, un petit village perdu… Comment aurais-pu résister ? L’intrigue démarre tout de suite.

Le jeune John Huffam est élevé modestement par sa mère mais surtout celle-ci semble le tenir à l’écart de la société. Entouré de sa mère et de sa nourrice, l’intransigeante FullSizeRenderBisett, Johnnie n’a presque aucun contact avec des enfants de son âge. Un jour, désobéissant aux ordres maternelles, il rencontre Henrietta, la fille des châtelains du domaine voisin Hougham. Tout démarre, événements étranges, personnages troublants, quête de la vérité ! John comprend que son lignage (dont sa mère refusait de parler) est lié à celui de ces châtelains. Sa mère semble terrorisée et ne préfère pas trop fouiller le passé par crainte que l' »ennemi » ne s’en mêle. Têtu et effronté, John décide tout de même de continuer à fouiller son passé, il part à la quête de son identité !

« Le passé excitait de plus en plus ma curiosité. D’où venais-je ? Où ma mère avait-elle vécu ? Elle abhorrait les questions que je lui posais à ce propos, et jamais elle ne m’avait mis au fait de rien, sinon de ceci, qu’elle avait grandi à Londres. » (p. 82)

IMG_0680Le Quinconce est une fresque familiale dans laquelle je n’ai lu que le premier tome. Dans ce tome, les jalons de l’intrigue sont posés. L’intrigue se noue et peu d’éléments sont dénoués mais on sent qu’il y a des indices pour la suite. L’intrigue sera complexe à n’en pas douter. Maintenant grand dilemme pour moi : est-ce que je commande la suite ou est-ce que je laisse mon imagination travailler ?

Le Quinconce, Tome I, Charles Palliser, éditions Libretto, janvier 2015

Rencontre, J. De Romilly

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Comment parler de ce roman ? Un récit court, des personnages peu nombreux, une intrigue simple…. et pourtant je me suis sentie bercée par les mots de Jacqueline de Romilly, par le calme de ce roman, par cette quête amoureuse.

Il s’agit bien de cela, Rencontre est l’histoire d’une quête amoureuse. Anne, veuve âgée de trente-quatre ans, croise Paul, son ancien amour au jardin du Luxembourg. Tout part de cette rencontre ou plutôt de ce regard échangé : est-ce bien lui ? une certitude puis le doute mais vite il faut le retrouver. C’est le début de la quête : recherche de Paul au jardin puis retour dans le passé pour retrouver les amis communs ayant pu maintenir des contacts avec lui, ensuite suivre sa trace en Belgique et laisser des messages. Il faut retrouver cet amour oublié (peut-être pour le faire revivre) mais n’est-ce pas plutôt la recherche d’un amour perdu et idéalisé ou tout simplement la recherche de l’amour ?

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Finir ma lecture avec une tasse de Vanille des Îles de Mariage Frères

Cette lecture fut agréable malgré un léger bémol : j’aurais aimé davantage de passion chez Anne et surtout je n’ai pas trouvé l’atmosphère que j’y cherchais (et que j’avais espéré en voyant la couverture). Rencontre demeure néanmoins un roman aux mots simples mais fins, j’ai aimé cette fraîcheur dans le ton et cette simplicité dans l’approche des personnages.

« Car les hasards de l’histoire peuvent être bons ou bien mauvais, mais ils sont là pour être acceptés. Ils sont ce qui arrive. Ils sont ce qui vous échoit. Ah ! bien sûr, il peut se faire que l’on veuille les forcer : on veut choisir et diriger. » (p. 241)