Il va m’être dur de parler de ce roman que j’ai adoré. Offert à mon fils, ma mère m’a conseillé de le lire avant car elle ne réalisait pas vraiment si cela lui était adapté et s’il était assez mature pour le lire. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir et je le recommande aux adultes et aux jeunes adolescents ! C’est un roman subtil qui évoque avec délicatesse la maladie d’Alzhmeir et plus largement la vieillesse et la mémoire.
Dans la forêt de Bellécorce, vit Archibald Renard. C’est le libraire. Chaque animal vient déposer son livre. Chaque livre est unique. Le jour où Ferdinand Taupe entre au ceux du chêne de Renard va changer le cours de la vie d’Archibald. Ferdinand Taupe cherche un ouvrage, celui qu’il a écrit. Il le cherche car ses souvenirs fuient. Il en a besoin afin de se rappeler des choses qu’il a faite, des gens qu’il a aimés. Malheureusement Archilbald a vendu cet ouvrage et il ne se souvient plus à qui. Ferdinand Taupe lui explique alors l’importance de ces mémoires : « J’ai retrouvé chez moi un papier qui mentionnait un rendez-vous avec le docteur Hibou auquel je ne me souviens pas m’être rendu, et c’est la maladie de l’Oublie-Tout, celle qui vient et qui prend tout, des souvenirs les plus flous aux baisers les plus doux. » (p. 35). C’est alors qu’aidés de vieilles photographies et de bribes de souvenirs, Archibald et Ferdinand vont prendre les chemins forestiers pour essayer de retrouver l’histoire de Ferdinand et surtout savoir ce qui est arrivé à Maude, l’épouse de Ferdinand Taupe. Ce périple est donc aussi une enquête, ils vont alors échanger avec Pétunia Marmotte dans son salon de thé, ils assisteront au concert de Duchêne le Hibou, puis ils rencontreront le postier Brisevent la mésange et feront une longue halte chez Elisabeth la Poule à La retraite des Plumes d’Elisabeth. Chaque animal est touchant, ils ont tous connus Maude et chacun contribue à la quête du vieil animal. Petit à petit Archibald et Ferdinand vont apprendre ce qu’il s’est passé plusieurs années auparavant.
La manière dont Mickaël Brun-Arnaud raconte cela est très touchante, il n’y a rien de dramatique dans ce récit, au contraire c’est subtil et doux, l’histoire est pleine de charme et de tendresse. On comprend la perte de repères qu’entraîne la perte de la mémoire mais aussi le sentiment d’angoisse qui en découle. Il raconte le décalage entre les temporalités de cette petite Taupe qui passe du présent au passé. La petite Taupe est accompagnée de son ami le libraire permet aussi à l’auteur d’évoquer l’impact sur l’entourage. « Accompagner quelqu’un atteint de la maladie de l’Oublie-Tout, c’est accepter d’apprendre à prendre le temps; celui de laisser faire même quand ‘l’autre échoue, prendre le temps de tout dire et montrer pour ne jamais surprendre, prendre le temps d’expliquer sans jamais poser des questions auxquelles l’animal malade ne saurait répondre. » (p. 288) A de nombreuses reprises Archilbald Renard est déstabilisé par les questions ou l’agressivité de Ferdinand, et puis peu à peu il arrive à mieux gérer les émotions de son compagnon et à la fois à l’entourer et à l’accompagner dans ses questionnements. C’est un roman qui aborde avec beaucoup de bienveillance la question de la maladie mais aussi l’amitié. J’ai trouvé ce roman très émouvant et j’ai versé quelques larmes notamment sur ces pages : « Quand on accompagne son papa atteint de la maladie de l’Oublie-Tout […] ça veut dire qu’on accepte de perdre ce qu’il représentait pour nous, c’est perdre beaucoup : l’histoire qui rassure avant de s’endormir, le baiser sur l’écorchure après la chute, la promesse que tout ira pour le mieux. » :>
Mon fils aîné ne l’a pas encore lu (le petit attendra quelques années), en revanche (c’était un cadeau commun à Noël) il m’a demandé si je pensais qu’il pourrait le lire, je lui ai donc déjà expliqué le sujet et on a parlé de la maladie de la mémoire et de la perte de la mémoire plus généralement quand on vieillit. Il est intrigué. Il lira bientôt le roman, j’ai hâte d’avoir cet échange avec lui :>