De la poésie, j’en lis très peu mais par ces temps lourds, j’ai plaisir à en lire et j’en ressens le besoin. Pour le challenge Les Classiques c’est fantastique, l’Asie était à l’honneur. Pour moi, le haïku s’est donc imposé. De ces tout petits poèmes se dégagent beaucoup de choses, j’aime cet art délicat qui consiste à évoquer un maximum de choses en peu de choses, en dix-sept syllabes uniquement.
Le haïku est d’abord une forme de poème, trois vers en français, une seule ligne en japonais, l’art de la concision. Le haïku se doit d’être lié au rythme de la nature, il y est donc presque toujours question d’une saison. Mais ce que j’y aime c’est tout le travail sur l’implicite, cet art de la suggestion. C’est le poète Bashô qui fixe les règles précises de ce genre au XVIIe siècle.
Dans les haïkus, on trouve toujours de la tendresse à l’adresse des créatures vivantes. ce que j’aime aussi, c’est cet attachement à l’irruption d’un événement éphémère. J’apprécie ce lien avec la nature, elle est omniprésente et le haïku porte sur un moment fugace, il y a de la tendresse dans certains poèmes. Et parallèlement certains sont vraiment drôle : « Cruche brisée / par le gel de la nuit / je me lève en sursaut ! » (Bashô). Et puis il y a des haïkus modernes « Le Boudda m’accorde / un peu de temps / je fais la lessive. » (Ozaki Hôsai) mais que je trouve touchant.
J’ai choisi de commencer ce recueil par l’automne et de finir les jours plus lumineux « Monde de rosée / rosée du monde / et pourtant. » (Kobayashi Issa) . Les haïkus sont très marqués par la mort, c’est très sombre. Ceux sur l’hiver sont plus lumineux, j’ai adoré lire ceux sur l’hiver et notamment la neige, le hasard a fait que je les ai lu les jours de froid et de blanc ou encore celui-ci sur le nouvel an « Matin du premier jour / dans le poêle / quelques braises de l’an passé » (Hino Sôjô). Et puis vient les jours plus lumineux et la renaissance de la nature « A chaque fleur de prunier / la chaleur / s’élève » (Hattori Ransetsu). Le printemps est marqué par les fleurs : cerisier, magnolia, azalée… on voit presque l’éclosion des fleurs.
Lecture parfaite si vous l’associez avec Neige de Maxence Fermine qui permet de découvrir l’art du harki si on ne connaît pas ! Enfin un petit dernier pour la fin, peut-être celle que j’aurais aimé être en ce mois de janvier 😉 « Être une ourse / hibernant / au fond de son trou » (Tagasi Haruko)