Le dernier Lapon. Olivier Truc

Ce sera ma dernière lecture de l’année sur le thème de la Laponie, avec ce roman noir, je clôture ma période de lecture hivernale. J’ai adoré m’immerger dans la Laponie et les lectures scandinaves, moi qui ne connaissais rien à la culture Sami, j’ai appris plein de choses et j’ai aimé recroiser les informations dans tous les romans que j’ai lus.

Le dernier Lapon se déroule en Laponie dans le milieu des éleveurs de rennes. A Kautokeino, Klemet, Lapon d’origine, est enquêteur à la police des rennes, sa mission est de s’occuper des conflits entre les éleveurs. Mais en ce début janvier, alors que le soleil va réapparaître pour la première fois, sa mission va, malgré lui, avoir un rôle plus important: « Aucun ne détournait le regard de l’horizon. la lueur magnifique se reflétait de plus en plus ardemment sur quelques rares nuages qui reposaient mollement au loin. Nina était saisie. Elle regarda sa montre. 11h13. On voyait maintenant nettement un halo vibrionnant troubler le point d’horizon que chacun fixait. » (p. 51)

Quelques jours auparavant un tambour traditionnel a été volé alors qu’il venait d’être renvoyé depuis la France pour être rendu au peuple sami et exposé dans un centre culturel. Le tout à quelques jours d’une conférence de l’ONU en Finlande sur les derniers peuples autochtones de l’Europe. Les soupçons portent immédiatement sur les indépendantistes sami. A cela s’ajoute un crime atroce, un éleveur de rennes est retrouvé mort, les oreilles coupés. Dans un monde si silencieux et tranquille, en apparence, Klemet, accompagnée de sa jeune collègue Nina, vont devoir réveiller les conflits, des colères et les mystères enterrés depuis des décennies.

L’enquête est déroutante. Plus les enquêteurs avancent, plus ils constatent qu’ils dérangent. Il ne faut créer aucun scandale alors que tous les yeux sont tournés vers la Laponie et il serait bien mieux qu’ils reprennent leurs tournées en motoneige plutôt que de soulever des vieilles querelles. J’ai beaucoup aimé ce roman qui mêle donc intrigue policière et culture, le rôle des tambours qui servaient au chaman est expliqué. On découvre ce patrimoine. Et puis il est aussi question de géologie, d’explorations de minerais car le sous-sol de la Laponie est riche. On découvre l’enjeu économique qui vient s’opposer à la préservation du territoire et des peuples autochtones.

J’ai adoré la plongée dans ce monde de traditions et de croyances du Grand Nord. Olivier Truc signe un polar passionnant, sombre mais très humain. Les personnages sont dures mais finalement on s’attache à eux. L’ambiance est pesante et parfois oppressante dans cette nature sauvage et glaçante.

« Dès qu’ils sortirent de la ville, la toundra reprit ses droits. le soleil brillait, sans les nuages de la veille. La réverbération était intense partout où l’on portait les yeux, sautant de colline en colline. La Laponie offrait un visage scintillant, à perte de vue. Ainsi entrevue, la Laponie semblait immense. » (p. 302)

La douce empoisonneuse. Arto Paasilinna

C’est un roman est un peu part, ni polar, ni réaliste… j’ai beaucoup aimé la tonalité de ce récit, il y a de l’humour, malgré les poisons et les morts ce n’est absolument pas morbide, c’est plutôt agréable et j’ai trouvé cette lecture drôle et subtil.

Tout se déroule dans une maisonnette rouge avec son petit sauna en bois, dans la région d’Helsinki, au sud de la Finlande. C’est là qu’habite Linnea, une veuve, la vieille colonelle. Elle mène une vie tranquille sauf lorsque son neveu Kauko vient tous les mois lorsqu’elle touche sa pension pour en prendre une bonne partie. Il vient avec ses deux copains, récupère la pension, boit, dégrade les biens de Linnea, s’en prenne à son chat. Mais Linnea décide que c’est trop, elle décide d’arrêter de se laisser faire.

J’ai aimé cette petite vieille, ces pensées suicidaires sont comiques mais surtout la tournure que prend le roman. Avec son allure douce et gentille, j’ai adoré cette petite vieille aux apparences si trompeuse, elle qui se renseigne sur des poisons, qui prépare ses seringues et échaufaude des plans et puis finalement rien ne se déroule comme prévu, bien au contraire, les situations sont cocasses. « Elle se saisit du tome VII du dictionnaire encyclopédique, le feuilleta jusqu’à la lettre P et entreprit de lire un article à l’entrée imprimée en gras : Poison. […] Linnea Ravaska poursuivit un moment sa lecture, le visage éclairé par un sourire matois, puis elle ferma le livre et retourna se coucher. » (p. 71)

Malgré le sourire, Paasilinna élabore une critique sociale : il dénonce les ravages de l’alcoolisme mais aussi l’immoralité et la violence de la jeunesse, l’égoïsme et l’indifférence du neveu mais aussi l’idée de vengeance.

Dans cette comédie grinçante, l’humour n’est donc jamais bien loin, le récit est assez jubilatoire et les apparences sont bien trompeuses.

Seule. Nathalie Le Gendre

Seule est un polar pour la jeunesse, je le trouve très bien écrit avec une intrigue bien ficelée et un dénouement inattendu. Je l’ai lu d’une traite, et je pense que c’est important car les chapitres alternent entre avant l’accident et après. Je pense qu’il peut être lu à partir de 12 ans, la construction implique un bon niveau de lecture pour suivre cette intrigue.

Ce polar jeunesse se déroule en Laponie suédoise. Malika est une jeune fille passionnée de documentaires et notamment ceux sur les explorateurs nordiques, elle rêve d’aventures dans ces contrées reculées. Alors ses vacances en Suède, au coeur du territoire des Sami sont parfaites. Elle va pouvoir découvrir ces paysages figées par le froid mais aussi ses racines familiales (car la branche maternelle est originaire de ce coin de Suède). Mais Malika ne pensait pas que l’aventure allait être si intense. En effet un accident de voiture va la mettre à rude épreuve, blessée à la tête, elle survit mais elle se retrouve seule. Seule en pleine forêt. Seule par un froid polaire. Seule face à l’hostilité de ce climat. Il va falloir vivre, survivre, lutter contre l’engourdissement, contre les animaux sauvages (et elle croise beaucoup, un peu trop pour que cela soit réaliste). Elle va alors mettre en pratique, ou tenter , ce qu’elle a appris de ses lectures ou des reportages vus. S’en suit alors une quête pour survivre, trouver un refuge, trouver à la manger, trouver de la force pour avancer et surtout ne pas perdre espoir. Pendant son errance, elle repense à sa famille. Elle ne comprend pas ce qui lui est arrivé. Sa mémoire semble défaillante. J’ai aimé le portrait de cette adolescente combattive. « Toujours prendre garde à conserver la tête couverte, comme le cou et les oreilles, se répète-t-elle en boucle. Surveiller le visage, là où il y a des parties qu’on ne peut protéger. Cette litanie lui donne le cran de persévérer. » (p. 49)

Je n’en dis pas plus. J’ai aimé la description de la forêt enneigée, le blizzard soufflant et obstruant la vue. J’ai aimé car il y a à la fois l’aventure face à une nature hostile mais aussi un côté « thriller » car des faits sont troublants. Etant moi-même en Laponie (finlandaise) pendant la lecture, j’ai particulièrement apprécié toutes les références à cette contrée, les réflexions sur la faune ou la flore mais aussi je sentais bien ce que ce froid pouvait être, ce que voulait dure « survivre » dans ces conditions. C’est assez glaçant comme histoire, c’est un roman haletant à lire un soir d’hiver au coin d’un feu chaleureux.

Double assassinat dans la rue Morgue. Edgar Allan Poe

Petite nouvelle d’Edgar Allan Poe, Double assassinat dans la rue Morgue est considéré comme l’ancêtre du roman policier moderne, l’auteur américain, traduit par Baudelaire, serait l’un des précurseurs du policier.

Néanmoins, j’ai eu des difficultés à entrer dans l’histoire, j’ai trouvé l’histoire dense, à la limite de l’indigeste parfois, le récit n’était pas très clair, je ne voyais pas trop où allait l’histoire et puis dans les dernières pages, j’ai trouvé le récit mieux construit, l’intrigue gagnait en intensité et en intérêt, j’ai en oublié les longueur.  L’histoire se déroule à Paris, vers les années 1830. Dans leur appartement, une vieille femme et sa fille sont assassinées dans des conditions atroces. L’une est égorgée et défenestrée, l’autre… Les piétons parlent de cris horribles, de paroles incompréhensibles, aiguës, puissantes. Quand la police pénètre dans l’appartement, elle découvre les corps et un appartement sans dessus dessous. Mais surtout toutes les portes sont fermées de l’intérieur, et les fenêtres aussi. J’ai souvent pensé au Mystère de la Chambre jaune de Gaston Leroux (s’en est-il inspiré ? il faudrait que je cherche). Ce que j’ai aimé dans ce récit, c’est aussi la description de Paris, un Paris sombre, un Paris avec des petites ruelles, un Paris mystérieux. Il y a une atmosphère dans cette petite nouvelle. « L’autorisation fut accordée, et nous allâmes tout doit à la rue Morgue. C’est un de ces misérables passés qui relient la rue Richelieu à la rue Saint-Roch. C’était dans l’après-midi, et il était déjà tard quand nous y arrivâmes car ce quartier est situé à une grande distance de celui que nous habitions. » (p. 26)

Avec ce récit, je lance les lectures d’octobre, les lectures un peu sombres avec des meurtriers ou des fantômes !

L’Affaire Caïus. Henry Winterfeld

En ce mois de rentrée, le challenge Les classiques, c’est fantastique mettait à l’honneur la jeunesse éternelle. L’Affaire Caïus, j’ai dû le lire enfant, le relire professeur débutante, le re-relire jeune professeur et puis je l’ai relu avec mon fils. Quel plaisir de piocher dans les lectures de mes élèves pour choisir celle de mon fils (même si ça fait bien longtemps que je ne propose plus ce titre à mes 6e, le roman est demeuré dans ma bibliothèque de classe). Cet été, nous étions en Italie, j’ai donc prolongé l’été en lui proposant ce roman.

Le roman débute alors que nous sommes dans la classe du maître Xantippe, une école de fils de riches patriciens, peu d’élèves, tous issus du mont Esquilin. Soudain, un éclat de rire et la phrase « Caïus est un âne » inscrite par Rufus sur une tablette. Si tous les éléments rient, le lendemain, ce n’est pas la même histoire lorsqu’ils lisent cette phrase écrite sur le temps de Minerve… un sacrilège dans la Rome impériale… débute alors une enquête menée par ses garçons de l’école de Xantippe, le maître de cette école de fils de sénateurs. Il y a du rythme dans ce roman, beaucoup de péripéties. J’ai beaucoup aimé le personnage de Lupus, le rideau… j’ai ressenti mes émotions d’enfant.

Parfois le style est un peu lourd même si le vocabulaire est plutôt soutenu, c’est sûrement un peu désuet comme histoire mais ça fonctionne toujours. Les personnages sont malins et débrouillards, l’ambiance de la Rome antique est agréable même si finalement ce n’est qu’une toile de fond. Il permet aux jeunes lecteurs de découvrir la vie quotidienne à Rome. Le récit est plutôt policier qu’historique. (Mon fils lit actuellement la suite, Caïus et le Gladiateur, que j’ai trouvé par hasard dans une boîte à livres il y a quelques semaines mais que je n’ai jamais lu).

Le sanatorium. Sarah Pearse

Pour celles et ceux qui me suivent depuis longtemps, vous savez que je lis très peu (voire presque jamais) de thriller mais voilà ma mère me l’avait passé en me disant, c’est pas mal tu verras. Mon rythme et mon envie de lecture ralentissant, je me suis dit qu’il fallait que je sorte des sentiers battus pour me replonger dans des lectures. J’ai donc saisi ce pavé (presque 500 pages, plutôt pavé par son poids). Et effectivement je me suis laissé très rapidement gagner par la lecture.

Elin, policière en arrêt de travail et son conjoint Will rejoignent son frère, Isaac et sa compagne Laure, dans un hôtel de luxe, Le Sanatorium. C’est le lieu de travail de Laure. Très vite, on comprend qu’Elin redoute les retrouvailles avec son frère, un secret de famille pèse entre eux et elle n’y va pas de bon coeur. Cette impression se confirme en gagnant l’hôtel, ancien Sanatorium dans lequel des patients souffrant de tuberculose était soigné, il est niché au coeur des Alpes Suisses, au pied des montagnes et se trouve difficile d’accès d’autant qu’une tempête de neige est en train de se former. Elin se sent très vite mal à l’aise, entre les grandes verrières, les montagnes environnantes qui obstruent la vue, la neige qui s’accumule et ce passé qui semble trop présent. Très vite, un huis-clos s’installe, les accès à l’hôtel sont bloqués. C’est à ce moment-là qu’un corps est retrouvé, puis une personne disparaît. Elin, malgré elle, va devoir reprendre du service dans des conditions très particulières. J’ai aimé ce mélange entre intrigue policière, histoire d’un lieu réel et histoire familiale. Les trois histoires s’entremêlent (parfois un peu confusément) mais ça permet de donner plusieurs intérêts à ce roman. Cependant je n’ai pas trouvé les personnages très attachants, ils sont un peu excessifs, un peu lisibles parfois. En revanche, l’atmosphère est très importante dans ce roman, les rafales de vent, le ciel pesant et chargé, la neige qui tombe sans relâche et cette solitude des personnages font qu’on se sent parfois oppressée, surtout au début du roman.

Au terme de ma lecture, j’ai deux bémols sur ce roman : tout d’abord j’ai l’impression que le dénouement est confus, que beaucoup d’interrogations posées au fil du roman ne sont pas résolues et que les motivations et implications de chacun ne sont pas très claires ni très crédibles. Il y a comme un gros coup d’accélérateur avec un effet un peu miracle que je n’aime pas trop. Ensuite mon deuxième bémol tient à l’édition avec plusieurs erreurs, de frappes, mais aussi de syntaxe et une erreur une fois sur le nom d’un personnage… bon ça arrive mais ça m’agace toujours. D’autant qu’elles sont toutes regroupées dans ce dernier tiers du roman…

Ceci étant dit, ça reste une lecture très agréable, la lecture parfaite après une panne de lecture (selon moi), ça ne demande pas de réelle exigence en terme de lecture en revanche vous risquez de frissonner un peu !

Valet de pique. Joyce Carol Oates

Valet de piqueOh Joyce Carol Oates, une magicienne ! Une fois de plus, l’effet Joyce Carol Oates a fonctionné avec moi et à merveille ! Une fois de plus j’ai été embarquée dans ce roman, un thriller, une fois de plus j’ai été saisie et captivée, surprise et avide de lire.

Dans ce thriller, Oates brosse le portrait d’un écrivain, Andrew J. Rush, un homme touchant et affreux, un auteur de romans policiers perturbé par ses succès et dont la folie s’empare. La faute à son pseudo littéraire qui prend peu à peu trop de place prenant ainsi le pouvoir sur lui. Andrew Rush est un personnage touchant car un peu « pépère » avec ses vieilles manies et sa vie tranquille, cependant l’intensité est croissante et il ne faut finalement pas se fier aux apparences. Cet écrivain se révèle plus intéressant qu’il n’a en l’air. Son âme est torturée, en souffrance… Son pseudo littéraire représente la part sombre d’un individu, le mal. Sous pseudo il est l’auteur de romans policiers violents, vulgaires et immoraux mais pas seulement… J’ai été impressionné par l’excellence du récit qui montre comment le double d’Andy progresse dans sa vie, comment il détruit son quotidien et surtout comment la croissance de la paranoïa est racontée.

Oates dresse le portrait d’un homme atteint de folie et réfléchit à la question du mal. C’est saisissant et haletant, difficile à lâcher et à présenter sans dévoiler l’intérêt du récit. Donc mes excuses pour ce billet mal construit mais je ne veux pas trop en dire !

Une chose est sûre, lecture après lecture ma fascination et mon admiration pour cette auteur se confirme. Chaque fois, elle parvient à me séduire tout en adoptant des styles, fullsizerenderdes formes narratives et des thèmes très différents. Ce fut le cas avec ma toute première lecture d’Oates, Bellefleur (pas encore chroniquée) puis ensuite avec La légende de Bloodsmoor.  J’ai ensuite dévoré Nous étions les Mulvaney, qui restera un de mes grands souvenirs et un de mes coups de cœur éternels. De même pour Les Chutes mais aussi plus récemment Fille noire, fille blanche ou encore Mudwoman tout en oubliant d’autres (que je vois sur mes étagères mais dont j’ignore si j’avais un blog au moment de leur lecture…). En tout cas une auteur que je lis chaque année et dont je ne me lasse pas !

Il était un capitaine, Bertrand Solet

Il était un capitaineUne fois encore, une lecture pour mes élèves mais j’ai été assez surprise. Bon c’est très facile à lire, peu de recherches stylistiques et pas de grandeur littéraire mais l’intérêt est ailleurs.

Ce roman permet de découvrir un contexte historique, une époque, une atmosphère, celle de la fin du XIXe siècle. Quelques grandes figures historiques sont évoquées, Gauguin, Zola et bien sûr Dreyfus puisqu’il s’agit de l’histoire de l' »Affaire Dreyfus ». En parallèle de cette histoire, il y a la part romanesque du roman, le « héros », Maxime Dumas est un jeune journaliste qui doute de la culpabilité de Dreyfus mais on perçoit comment ceux qui doutent seront mis à l’écart (il sera envoyé à Madagascar) pour préserver l’armée et les responsables. Ce qui est donc intéressant c’est qu’on découvre le poids de la presse, son influence grandissante et la responsabilité qu’elle a dans cette affaire. On prend aussi conscience du poids de l’opinion publique et on comprend pourquoi cette affaire a tant marqué les esprits, une des premières affaires « médiatisées ». L’atmosphère antisémite de l’époque est bien transcrite, on perçoit les suspicions, les rancœurs, la vengeance. J’ai trouvé intéressant de voir et de comprendre comment l’affaire Dreyfus est montée, comment la manipulation est mise en place mais aussi pourquoi, malgré les doutes (voire les certitudes quant à son innocence) l’état-major a continué à l’accuser et à participer en créant des preuves accablantes. L’intervention de Zola et sa lettre ouverte, « J’accuse », font partie de ce roman et on perçoit le rôle important de cette lettre, à partir de là, l’affaire est comme « démontée ». Chaque élément est repris, analysé, expertisé à nouveau et le roman s’achève lors de la réhabilitation en juillet 1906.

Je pense qu’ado j’aurai adoré ce roman, un peu policier, un peu réaliste, un peu historique (le tout avec une petite intrigue amoureuse 😉 il y en a pour tous les goûts !

« J’admets que mon départ de Madagascar soir une faute professionnelle. J’étais prêt à m’en expliquer avec vous. Mais, ce que je trouve inadmissible, moi, c’est que vous ayez dénaturé systématiquement mes dépêches. Que vous ayez transformé ou tu, tout ce que j’ai vu et ressenti de douloureux là-bas. Que vous ayez manifesté comme venant de moi, une approbation béate de faits inadmissibles… Je ne suis pas un scribe accroupi, monsieur, pour reprendre votre expression… J’ai des yeux, un cœur, une conscience… » (p.139)

Il était un capitaine, Bertrand Solet, Livre de poche jeunesse (1986)

Seule contre la loi, W. Wilkie Collins

Seule contre la loiJe ne sais pas par où commencer car ce roman se vit de l’intérieur en retenant sa respiration. J’ai été happée dès les premières lignes et j’ai suivi l’enquête de Valeria Woodville page après page.

Difficile de parler de ce roman sans en dévoiler l’intrigue et donc sa saveur. Valeria épouse Eustace Woodville cependant au lendemain de ses noces, elle découvre un secret concernant son mari. Eustace se terre alors dans le silence et préfère la fuite aux explications. Mais c’est sans compter sur le caractère bien trempé de Valeria qui décide de découvrir la vérité. Malgré les mises en garde, les craintes, les reproches de son entourage, elle devient un véritable détective. C’est une femme à la personnalité forte, libre et indépendante, obstinée et persévérante mais aussi une femme passionnément amoureuse qui se jette à corps perdu dans une enquête pour percer le secret de son époux (un très beau portrait de femmes). Entre mensonges, faux-semblants, passions et révélations, l’intrigue prend dès les premiers chapitres, les questions fussent dans notre tête (et dans celle de Valeria) : pourquoi Eustace adopte-t-il ce comportement ? Que peut-il cacher ?

DSC04117 Bien que le rythme ralentisse au cours du roman pour céder la place à une analyse précise des tourments et des interrogations de Valeria, l’intrigue est construite merveilleusement et la révélation ultime m’a surprise et secouée. Décidément Willian Wilkie Collins sait me surprendre à chaque lecture, un vrai bonheur que cet auteur !

Double assassinat dans la rue morgue, Edgar Allan Poe

Double assassinat dans la rue Morgue

Je lis rarement des romans policiers pourtant j’aime en lire. Dans ce recueil, j’ai nettement préféré Double assassinat dans la rue Morgue au Mystère de Marie Roget que j’ai trouvé un peu long et de ce fait moins captivant. Le mystère est aussi moins passionnant que l’assassinat de Mme L’Espanaye et celui de sa fille.

Je suis subjuguée par la construction de l’intrigue et sa résolution : un double meurtre à éclaircir, une pièce fermée de l’intérieur (me rappelant une lecture de jeunesse, Le mystère de la chambre noire), peu d’indices et une police défaillante… mais M. Dupin à partir d’infimes détails élabore des hypothèses. C’est cela qui m’épate, comment à partir de détails présentés comme normaux ou en tout cas non suspects, l’enquêteur prouve qu’ils sont suspects et qu’ils permettent d’éclairer le mystère de ce double assassinat. Toutes les hypothèses de M. Dupin (qui paraissent parfois fantasques), mises bout à bout, conduisent à la vérité. Quelle prouesse ! Un petit bémol quant à l’identité du criminel qui m’a paru peu réaliste mais je reste ébahie pour cette enquête rondement menée.