Ce sera ma dernière lecture de l’année sur le thème de la Laponie, avec ce roman noir, je clôture ma période de lecture hivernale. J’ai adoré m’immerger dans la Laponie et les lectures scandinaves, moi qui ne connaissais rien à la culture Sami, j’ai appris plein de choses et j’ai aimé recroiser les informations dans tous les romans que j’ai lus.
Le dernier Lapon se déroule en Laponie dans le milieu des éleveurs de rennes. A Kautokeino, Klemet, Lapon d’origine, est enquêteur à la police des rennes, sa mission est de s’occuper des conflits entre les éleveurs. Mais en ce début janvier, alors que le soleil va réapparaître pour la première fois, sa mission va, malgré lui, avoir un rôle plus important: « Aucun ne détournait le regard de l’horizon. la lueur magnifique se reflétait de plus en plus ardemment sur quelques rares nuages qui reposaient mollement au loin. Nina était saisie. Elle regarda sa montre. 11h13. On voyait maintenant nettement un halo vibrionnant troubler le point d’horizon que chacun fixait. » (p. 51)
Quelques jours auparavant un tambour traditionnel a été volé alors qu’il venait d’être renvoyé depuis la France pour être rendu au peuple sami et exposé dans un centre culturel. Le tout à quelques jours d’une conférence de l’ONU en Finlande sur les derniers peuples autochtones de l’Europe. Les soupçons portent immédiatement sur les indépendantistes sami. A cela s’ajoute un crime atroce, un éleveur de rennes est retrouvé mort, les oreilles coupés. Dans un monde si silencieux et tranquille, en apparence, Klemet, accompagnée de sa jeune collègue Nina, vont devoir réveiller les conflits, des colères et les mystères enterrés depuis des décennies.
L’enquête est déroutante. Plus les enquêteurs avancent, plus ils constatent qu’ils dérangent. Il ne faut créer aucun scandale alors que tous les yeux sont tournés vers la Laponie et il serait bien mieux qu’ils reprennent leurs tournées en motoneige plutôt que de soulever des vieilles querelles. J’ai beaucoup aimé ce roman qui mêle donc intrigue policière et culture, le rôle des tambours qui servaient au chaman est expliqué. On découvre ce patrimoine. Et puis il est aussi question de géologie, d’explorations de minerais car le sous-sol de la Laponie est riche. On découvre l’enjeu économique qui vient s’opposer à la préservation du territoire et des peuples autochtones.
J’ai adoré la plongée dans ce monde de traditions et de croyances du Grand Nord. Olivier Truc signe un polar passionnant, sombre mais très humain. Les personnages sont dures mais finalement on s’attache à eux. L’ambiance est pesante et parfois oppressante dans cette nature sauvage et glaçante.
« Dès qu’ils sortirent de la ville, la toundra reprit ses droits. le soleil brillait, sans les nuages de la veille. La réverbération était intense partout où l’on portait les yeux, sautant de colline en colline. La Laponie offrait un visage scintillant, à perte de vue. Ainsi entrevue, la Laponie semblait immense. » (p. 302)