Marie Curie, Non au découragement. Elisabeth Motsch

Dans ce petit roman de la série « Ceux qui ont dit Non » publiées par Actes Sud Junior, j’ai relu cette présentation de Marie Curie. Elle est évidemment très rapide et le parcours de la chimiste est tracé dans les grandes lignes mais je trouve que c’est une approche très intéressante pour des adolescents, pour des élèves, pour nos enfants de découvrir un parcours. Ici, le choix de l’autrice est de faire débuter le récit vers les quinze ans de Marie. Elle vit en Pologne avec son père, ses soeurs et son frère. Leur mère est déjà morte. Le récit débute alors que la soeur ainée Bronia et Marie sont refusées à l’inscription à l’université de mathématiques, sciences naturelles et chimie sous l’unique prétexte qu’elles sont des filles.

Ensuite le récit va très vite : son arrivée en France, sa rencontre avec Pierre Curie, son travail sans relâche et sa détermination à trouver quelque chose. Je trouve que le chapitre sur les Petites Curies, ces voitures qui pendant la première Guerre Mondiale ont servi pour faire des radiographies, son désir que le radium ne tombe pas entre des mains dangereuses mais soit utilisé pour les bienfait de l’humanité est souvent rappelé mais on comprend aussi cette conscience que c’est une arme entre des mains mal intentionnées : « Le radium, très précieux et très dangereux à la fois, ne doit pas tomber entre n’importe quelles mains. […] Je vais me mettre au service de La Défense nationale. » (p. 60)

J’ai trouvé aussi intéressant que soit évoqué les dangers du radium et les excès qui ont eu lieu lors de sa découverte (elle parle de pommade au radium, de suppositoires…!). Sont évoqués en quelques lignes les Radiums Girls, ces ouvrières aux USA condamnées par l’utilisation du radium. Ce roman biographique est donc une première approche intéressante de l’importance de Marie Curie et de sa découverte. Comme tous les livres de cette collection, il y a un dossier à la fin sur des femmes qui se sont imposés par leur choix, leur volonté et leur force de caractère. J’avais lu celui sur Olympe de Gouges mais si vous voulez poursuivre sur Marie Curie, je vous conseille Madame Curie la biographie écrite par Eve Curie que j’avais adorée.

La femme gelée. Annie Ernaux

J’ai terminé ce matin. Les mots d’Annie Ernaux ont résonné en moi lors de la lecture mais résonnent encore moi ce soir. J’ai trouvé ce récit d’une grande force, j’ai senti la complexité de la vie, être pris dans un engrenage sans trop le vouloir mais ne pas avoir le moyen d’en sortir. Revendiquer l’égalité tout en constatant inlassablement les inégalités quotidiennes. Etre une fille, être une femme, être une mère, être une prof… un parcours difficile raconté par Annie Ernaux dans ce récit, son 3e roman publié en 1981.

Si la première partie ne m’a pas passionnée, c’est la seconde que j’ai trouvé émouvante et je pense que j’aurais pu écrire certaines phrases. Dans la première partie, Annie Ernaux raconte son enfance, son éducation de « fille », les découvertes du corps féminin, les premières discussions de « filles ». Elle parle du mariage de ses parents, c’est son père qui est en cuisine, c’est sa mère qui est dure avec elle. Elle n’a pas le sentiment de recevoir une éducation de fille, d’être traitée différemment qu’un garçon. Ce qu’elle ressent, c’est l’ambition de ses parents à ce qu’elle réussisse scolairement, qu’elle s’élève : « Devenir quelqu’un ça n’avait pas de sexe pour mes parents. » Et puis petit à petit, elle grandit, elle constate que le fonctionnement du couple parental n’est pas la norme « Et du coup tous les deux ridicules, la gentillesse de mon père se transforme en faiblesse, le dynamisme de ma mère en port de culotte. Ca m’est venu la honte qu’il se farcisse la vaisselle, honte qu’elle gueule sans retenue. » (p. 75). Elle poursuit ses études, quelques copines se marient. Annie Ernaux constate alors rapidement que les rôles changent, qu’être une « femme » signifie tout un tas de devoirs et de routines.

« Depuis le début du mariage, j’ai l’impression de courir après une égalité qui m’échappe. » (p. 121)

Vient alors le moment où elle se marie et où tout se délite. Elle constate qu’elle reste de plus en plus à la maison, qu’elle accepte ce rôle mais finalement elle s’enferme aussi dans ce rôle. Ils sont étudiants tous les deux mais à elle les préparations des repas pendant qu’il lit. « Qui pourrait encore m’attendrir si je me laissais faire, si je ne voulais pas chercher comment on s’enlise, doucettement. En y consentant lâchement. » La suite de son récit, c’est le récit de cet enlisement, la naissance d’un enfant qui la condamne à rester à la maison, lui, sa carrière qui évolue en parallèle, et puis reprendre le chemin de l’école (elle obtient son diplôme), elle enseigne mais elle enseigne, tout en étant mère, tout en étant épouse, tout en étant gestionnaire de maison «  »A moi le dîner du Bicou et pour moi la bouffe ne viendra pas toute seule dans l’assiette. Les cours quand l’enfant dormira. Lui, il regardera la télé. »

Ces remarques ont résonné en moi fortement. Autant sur la première partie, je trouve que des années ont passés et que les différences sont notables, autant la deuxième partie, je trouve que la réflexion sur la domination masculine est encore très juste. Une femme doit mener tout de front et s’oublie. « Je n’osais pas penser ainsi, écoutez-les, tous, prof, quel métier extraordinaire « pour une femme », dix-huit heures de cours, le reste du temps à la maison, des tas de vacances pour s’occuper de ses enfants, le rêve, enfin un travail parfaitement indolore pour l’entourage, la femme qui se « réalise », rapporte du fric, reste bonne épouse, bonne mère, qui s’en plaindrait. » (p.172).

Les mots sont justes, ils amènent à réfléchir à cette notion d’égalité, à ce qu’on admet comme « normal » alors que cela est sûrement à remettre en cause. Un dernier mot : le titre, somptueux, la métaphore parfaite de son enlisement…

Pocahontas. Patrick Prugne

Je continue mes lectures sur les femmes ; j’ai donc ouvert cet album et avant même de lire le texte, j’ai trouvé les dessins somptueux, une douceur s’en dégage, une forme de tranquillité de ces couleurs lumineuses. Les dessins précis mais doux m’ont tout de suite happé ! Dès la couverture en réalité j’ai été emportée, je la trouve somptueuse !

Pocahontas c’est l’histoire de cette jeune princesse du peuple indien Powhatans. Ce récit s’inspire de la véritable histoire de cette princesse indienne, histoire devenue un mythe par la suite (et cela est rappelé à la fin de l’album). Le récit se déroule en 1607 lorsque trois navires anglais accostent en Virginie, les colons débarquent et s’installent en construisant un fort, Jamestown. Les indiens évidemment désirent rejeter les colons, mais Pocahontas n’a pas ce même point vue. Elle souhaite un rapprochement des deux peuples. Le récit de Patrick Prugne est composé d’aller-retour entre 1607 et 1621, l’année où des tentatives de traité de paix sont instaurés. Dans ce récit mené par Pamouic, le fils du chef Powhatan et le narrateur, un colon, on découvre peut à peu la destinée de Pocahontas et sa place. A cette réflexion sur le colonialisme, s’ajoute une trame amoureuse avec le capitaine Smith, jeune colon, loyal, subjugué par Pocahontas. Il devra faire un choix déterminant pour les deux peuples.

J’ai adoré, j’ai découvert les derniers instants de ce peuple paisible, les couleurs sont sublimes ! Je ne peux que vous recommander.

Olympe de Gouges. Catel & Bocquet

Voici un roman graphique que j’ai beaucoup aimé, très foisonnant et dense, on lit en quelques 500 pages, l’histoire d’Olympe de Gouges depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Si dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé poursuivre ma découverte de cette femme audacieuse et révolutionnaire, J’ai trouvé quelques passages un peu confus, j’ai dû me référer à la bibliographie située en fin d’ouvrage pour suivre. Il manquerait peut-être quelques encarts d’un narrateur. Autre petit bémol, je trouve que les oeuvres et que les idées d’Olympe de Gouges ne sont pas beaucoup développées. On les trouve dans les conversations mais c’est plutôt de l’ordre d’une évocation là où j’aurais aimé en savoir davantage au sujet des idées qu’elle défendait. Cependant ce roman est très complet et retrace son parcours de femme active : sa lutte pour l’abolition de l’esclavage, le droit des femmes, la protection des opprimés. Olympe de Gouges vit lors d’une époque charnière, celle de la Révolution et la fin des privilèges ; la nation aspire à un renouvellement et elle veut s’en faire une des voix mais sa voix n’est pas la bienvenue.

A travers des dessins tout en noir et blanc, Olympe de Gouges est présentée comme une femme libre et sensuelle, jouant de ses charmes et multipliant les conquêtes. Veuve très tôt, elle décide de vivre sans attache maritale et prône les valeurs de la République et l’esprit des Lumières (grande lectrice de Jean-Jacques Rousseau). Femme cultivée, femme de lettres, elle a croisé Rousseau, Voltaire, Mirabeau, Danton, Marat, elle fréquente les théâtres parisiens… un parcours assez incroyable quand on pense à l’époque. L’égalité des sexes qu’elle prône et qu’elle affiche dans sa Déclaration des droits de la femme et de la Citoyenne lui vaudront d’être considérée comme une ennemie. Elle est une femme déterminée, au parler franc, une femme idéaliste à qui cet ouvrage rend hommage.

Pour compléter, vous pouvez lire cette biographie romancée par Elsa Solal : Olympe de Gouges.

Olympe de Gouges. Elsa Solal

J’inaugure mes lectures de mars (qui seront consacrées à des femmes) avec la figure éminente d’Olympe de Gouges. Dans ce petit récit, Elsa Solal présente cette femme. Olympe de Gouges née en 1748, , fille illégitime elle n’aura de cesse de se battre pour l’évolution du statut de la femme. En fréquentant le milieu littéraire de l’époque, elle écrit des pièces de théâtre notamment mais aussi des essais, des pamphlets. En 1791, déçue par la révolution française qui a oubliée les femmes, elle écrit une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, texte qui prône l’accès aux urnes, à la citoyenneté, aux tribunes, le droit au divorce. Evidemment tout cela est mal vu, ce qui lui vaudra une arrestation et au condamnation devant le tribunal révolutionnaire.

Elsa Solal donne la parole à cette femme en retraçant rapidement son parcours, c’est un ouvrage qui permet d’enclencher une discussion, une réflexion, de donner envie d’en savoir plus. Et surtout, à la fin de cet ouvrage, il a un dossier sur le droit des femmes, un historique rapide mais à portée de tous sur le combat mené pour le droit des femmes, elle y parle de Beauvoir par exemple. Dans ce dossier les nouveaux enjeux du féminisme sont aussi abordés. Et il y a des sites ou numéro à contacter d’associations qui militent pour le droit des femmes.

C’est un ouvrage qui appartient à la série « Ceux qui ont dit non » que j’aime beaucoup, j’en ai plusieurs dans ma salle de classe et les élèves les lisent avec plaisir. Je trouve intéressant de découvrir ces grandes figures et ces grandes thématiques, on y trouve Victor Hugo et la peine de mort, Diderot et la lutte contre l’ignorance, Gisèle Halimi et la question du viol, Rosa Parks et la discrimination raciale. Je destine ces ouvrages davantage à mes 3e mais régulièrement mes 4e les regardent voire m’en piquent plus ou moins discrètement 😉

Et vous pouvez poursuivre avec ce roman graphique : Olympe de Gouges. Catel & Bocquet

Février 2023

crêpes encore / petit soleil d’hiver / tour en librairie / « Et si tu devais emporter un seul jouet sur une île déserte ? – Maman… on peut jouer avec elle ❤ / apéro pour débriefer du conseil pédagogique / colère du vendredi soir / des mails et encore des mails / ce fou rire du vendredi midi / banderole pour profs en colère / un samedi, 4h, 24 parents / VTT guidé par mon fils / de la tension en salle des profs / DHG et conseil d’administration sinistre / les devoirs du mercredi matin / celui qui vient combler une belle famille / seul jour du mois où je porte un pantalon « maman je te préfère d’habitude »… / le soleil qui fait une percée dans la maison / ces semaines qui n’en finissent plus / semaine difficile /RDV préfecture / le fou rire des couloirs B18-32 / Atelier FLS lancé / son premier concert ❤ / lui, sur scène, micro en main, le voir si à l’aise du haut de ses 6 ans / micro, batterie et piano / soirée copains et pyjamas partie / tarte aux pommes version 1 / 4 copains à la piscine / aquarelle pour son anniversaire / les 7 bougies ❤ / soirée d’anniversaire et hamburger maison / mon grand qui me vole et lit en cachette La Ferme des animaux, et à table « maman, tu sais c’est Napoléon le cochon tyran » / mercredi à mille à l’heure / marche solidaire pour mon 9 ans / faire des dessins / les dernières heures / faire les valises / prendre de la hauteur / une délicieuse fondue / « Vincent, il est sérieux »… dixit mon fils de 7 ans à propos du moniteur ESF / quelques frissons en haut des pistes / s’assouplir peu à peu / rouge, verte et bleue / lire perché / celui qui dévore des bandes-dessinées / premier pique-nique de l’année les fesses dans la neige / entre neige et brouillard, se voir à peine / observer des chamois en prenant son petit-déjeuner / le soleil et la neige / petit déjeuner en lecture / prendre confiance / des crêpes Nutella sur les pistes / gravir la montagne / au sommet en amoureux / finir les étoiles plein les yeux / espionner mon petit flocon / fondue-bis pour clore une semaine passée trop vite / la route… longue / lire dans le silence de l’aube qui pointe / vent glacial / tarte aux pommes version 2 / mettre un pied dans la serre / un restaurant en amoureux ❤

L’arbre qui chante. Bernard Clavel

Recueil de trois nouvelles de Bernard Clavel qu’on pourrait résumer en trois mots : douceur, poésie et nature. J’ai beaucoup aimé l’écriture de Bernard Clavel : il y a de la poésie dans ses phrases, de la tendresse, de l’humanité dans ses personnages et de la simplicité dans ses histoires.

« C’était un matin de janvier. Un de ces beaux matins blancs qui ont du givre à leurs moustaches et des yeux pétillants de soleil. » Tout est dit dans cette phrase métaphorique que je trouve magnifique, je vois les montagnes, la neige, le froid et les montagnards solides et sensibles. Il s’agit du début de la première nouvelle, celle qui donne son titre au recueil.

Le chien des Laurentides est la seconde nouvelle, celle que j’ai trouvé la moins enchanteresse, celle qui m’a la moins convaincue et pourtant il y est question d’une amitié indéfectible mais je ne sais pas la première nouvelle était poétique, la dernière plus militante, la seconde m’a paru un peu inférieure (ce n’est que mon avis, et j’ai pris plaisir à la lire).

Dans la troisième nouvelle « La maison du canard bleu » écrite en 1971, il y est question d’un vieux monsieur un peu étrange mais il s’avère être un protecteur de la nature et un défenseur des animaux : « Les gens considèrent que tout ces animaux-là sont inutiles, ils ont tort. Il n’y a pas un seul animal inutile sur notre terre. Il y a un belle équilibre de la nature, et si les hommes détruisent certains animaux, cet équilibre sera rompu. » Cet homme va être exproprié, son terrain et ses bois vendus à des agents immobiliers.

La nature et son respect, les liens familiaux, l’amitié, l’entraide sont au coeur des trois nouvelles. J’ai trouvé la langue riche, exigeante et gracieuse. Clavel s’adresse à un public jeune mais il n’en appauvrit pas pour autant le style, le vocabulaire est recherché, parfois désuet mais cela apporte du charme à ces récits.

C’est un recueil qui rejoindra le fond de ma classe, idéal pour de jeunes lecteurs en 6e (même avant pour de bons lecteurs), moi je pense surtout à mes 6e jardin) mais on pourrait aussi l’aborder en 5e avec le thème de l’homme et la nature.

La clé du royaume. A. J. Cronin

Après avoir tourné les dernières pages de ce roman, je dois avouer que je suis partagée. Je n’ai pas été totalement enthousiasmée par ce roman considéré comme un des chefs-d’oeuvre de l’écrivain écossais, A. J. Cronin. Et pourtant, j’ai beaucoup aimé certains passages, c’est fort dommage que d’autres sont longs et notamment que le début de l’intrigue soit un peu chaotique dans sa mise en place.

Francis Chisholm hésite entre l’appel de la foi et l’amour pour sa cousine Nora mais un drame va le bouleverser et le persuadera d’entrer au séminaire. Peu après, devenu le père Chisholm, il est envoyé comme missionnaire en Asie, en Chine où il doit ouvrir une mission et la faire vivre à la seule force de sa foi, en effet il ne reçoit ni aide financière, ni aide humaine, ni conseils de la part de l’église. J’ai beaucoup aimé les pages où il est confronté à la peste ou à des guerres intestines entraînant des doutes du père Chisholm mais parfois j’ai trouvé que l’intrigue s’éloignait fortement du point de départ.

Lecture en demi-teinte donc, en revanche quel plaisir de lire dans ces vieux poches au style un peu désuet ❤

L’inondation. Emile Zola

Quelle claque cette nouvelle ! J’ai trouvé ce texte très puissant. Il y a une montée dramatique très forte et une tonalité tragique indéniable. Zola maîtrise parfaitement son intrigue, ses personnages, son rythme. Louis Roubieu avait tout pour être heureux, une famille unie, une ferme, des récoltes abondantes mais les caprices de la météo vont en décider autrement. La Garonne déborde et sort de son lit. Les eaux pénètrent dans les rues : « Maintenant les vagues arrivaient en une seule ligne, roulantes, s’écroulant avec le tonnerre d’un bataillon qui charge. » Et puis l’eau va s’engouffrer dans les maisons, obligeant les habitants à monter aux étages puis sur les toits. La famille va lutter contre les forces de la nature. Comme dans tant de romans de Zola, la famille de Louis Roubieu est confrontée à la catastrophe, l’histoire d’une décadence familiale.

« L’eau rugissait. Des crachements d’écume mouillaient nos pieds. Nous entendions le gémissement sourd de la maison pleine d’eau, sonore, avec ses cloisons qui craquaient déjà. »

Zola s’inspire de la crue exceptionnelle de la Garonne en 1875 pour écrire cette nouvelle, un fait divers alors évoqué dans plusieurs journaux. Il donne un rythme haletant, un rythme tourbillonnant. à cette crue meurtrière à Toulouse. Il reste proche de la réalité de cet événement. Mais cette nouvelle ce n’est pas seulement le développement de ce fait divers, c’est aussi une réécriture de la scène du Déluge de la Genèse (j’en lirais quelques pages à mes élèves de 6e, je trouve que c’est un récit intéressante et ça me permettra de leur parler d’Emile Zola.

Voir les monstres autrement. Sylvie Baussier

L’an passé, j’avais découvert cette nouvelle collection chez Scrinéo et j’avais beaucoup aimé le principe : il s’agit de découvrir la mythologie du point de vue des monstres, peut-être que finalement ce ne sont pas eux les méchants ? J’avais lu (et avait fait lire à mes 6e) Moi, le minotaure (dont je vais aussi vous parler) et à coup sûr je vais continuer à alimenter cette série qui plait aux élèves et qui se lit avec plaisir.

Petit point sur l’édition : les couvertures sont magnifiques, j’aime beaucoup les tonalités choisies. Le format est très agréable. Les élèves aiment avoir ce sentiment, ils ont un beau livre entre les mains. Chaque livre est agrémenté d’une présentation des personnages mais aussi à la fin d’un cahier de jeux et de quelques pages documentaires. Je recommande vraiment ! D’ailleurs un élève m’a prêté Cerbère, en me disant « lisez-le madame, c’est le meilleur, il est giga bien ».

Moi, Ligia, Sirène

J’ai particulièrement aimé ce récit. Connaître enfin le secret des sirènes et ce qu’elles disent, n’est-ce que ce que chacun souhaite ? J’ai aimé d’autant plus que le récit ne choisit pas la facilité et ne se concentre pas seulement sur l’épisode célèbre avec Ulysse. Sylvie Baussier nous montre Ligia, une sirène torturée, affamée, rongée par le doute « Mais comment justifier les horreurs que les dieux nous condamnent à commettre ? Rien n’a de sens. Nous sommes des monstres, je me sens sale, je voudrais hurler, mais cela ne changerait rien ». La soeur de Leucosia ne se pose pas autant de question, elle accepte son sort et ne culpabilise pas de manger des marins. « Mon corps emplumé permet au moins cette griserie : je vole ! Les courants me portent et je m’élève en spirale, légère. »

Moi, le Minotaure

Le Minotaure nous raconte son histoire , une toute autre manière de voir et des comprendre l’affrontement avec Thésée. Un monstre partagé, un monstre qui aimerait tellement redevenir qui il était et comprendre pourquoi il a une tête de taureau « Le Prince Astérios est un monstre. Pourquoi ? Je veux comprendre! »

Moi, Charybde, piégée avec Scylla

C’est drôle je n’avais jamais cherché pourquoi ces deux monstres sont des monstres. Je ne pensais pas que cela étaient des punitions. Et pourtant chaque année, en étudiant L’Odyssée je les croise Charybde et Scylla et je dois bien avoir la question en classe. Mais soit je reconnais mon ignorance, soit un élève sait (et je ne retiens pas). Mais maintenant je sais ! J’ai donc apprécié cette histoire et ce mythe vu depuis le monstre Charybde, celle qui engloutit les navires, les marins et les animaux marins depuis sa grotte, cachée derrière un figuier. Ce que je trouve intéressant, ce de montrer leur peine d’être monstrueuse, de devoir tuer ou propager le mal. Le châtiment est alors double. Et cette discussion est intéressante avec les élèves : être monstrueux, être responsable de destruction est lourd à porter et difficile à accepter.