Ce roman m’avait profondément marquée jeune ado. J’avais un souvenir fort de cette lecture et de cette ascension en montagne, dans la neige, la glace, le froid. J’ai pris beaucoup de plaisir à le relire (malgré quelques longueurs). Je me suis rendue compte que je n’avais gardé qu’une infime partie du roman en mémoire. L’ascension en montagne est finalement le point de départ de l’intrigue mais il y a tout une autre partie qui est intéressante : celle du dépassement de soi.

Je reprends : Jean Servettaz est guide de montagne à Chamonix, il emmène des clients faire des « grosses », c’est-à-dire faire des sommets très compliqués. Lorsque l’Américain insiste pour monter jusqu’aux Drux alors que Jean le déconseille à cause du temps, il y va avec son porteur George. Les deux hommes savent qu’il faut se dépêcher, l’orage arrive. « Le drame était sur la montagne, mais, impavide et souveraine, elle montait la garde sur les vallées alentour, insensible aux pensées des hommes qui gîtaient dans ses flancs, frileusement pelotonnés dans leurs cabanes de pierre. » (p. 39)

Le drame arrive. Jean est foudroyé au sommet, George au prix de sacrifices énormes redescend à Chamonix avec son client. Pierre Servettaz, le fils de Jean, et ses amis, sont prêts à prendre tous les risques pour aller chercher le corps de Jean, un des meilleurs guides de Chamonix. C’est alors qu’une deuxième ascension tout aussi dangereuse a lieu. Mais la montagne est dangereuse, impitoyable et imprévisible. Elle est tout aussi majestueuse que menaçante. Le roman est d’ailleurs aussi une ode à la nature, de nombreuses pages décrivent les sommets, la neige et son scintillement, les levers ou couchers de soleil… La deuxième partie du roman concerne la reconstruction de Pierre, sa faiblesse. C’est un roman sur la solidarité, la fraternité due à une passion commune mais aussi sur le dépassement de soi, la force qu’on a en soi de surmonter les épreuves. C’est un roman qui donne envie d’aller au grand air, de marcher, de se dépasser, d’être face aux sommets enneigés…

« La vie doit être une lutte continuelle. Malheur à ceux qui ne combattent pas ! qui se laissent aller aux choses faciles ! »

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