Il s’agit d’un premier roman que j’ai beaucoup aimé. La narratrice raconte son désir de retrouver son prénom russe après avoir dû le franciser pour la naturalisation. Ce point de départ est une réflexion très touchante et intelligente sur l’identité et le fondement de celle-ci. Alors l’autrice retrace son parcours de sa enfance en Russie à son départ en France.

« Le jour du départ arrive. Dans le sac à fermeture éclair, j’essaie une dernière fois d’introduire Tobik. Je le cache. Mais je le cache mal. » (p. 44). Elle raconte de son point de vue d’enfant ce départ et son incompréhension car les explications des adultes sont rares. Il faut laisser des choses derrière soi, choisir l’essentiel mais quand on est un enfant l’essentiel, c’est ce chien en peluche. Elle quitte dont la Russie en 1993. J’ai aimé les pages qui racontent son arrivée, son intégration à l’école (si on peut parler d’intégration) et son incompréhension de tout : des habitudes, des relations humaines, de la langue bien évidemment. Il y a beaucoup d’humour car les bourdes et les lapsus sont fréquents. La narratrice raconte cette enquête qui soulève de nombreuses questions sur l’exil, l’identité et la double culture.

« A la fin de l’année, je passe de Polina à Poline. J’adopte un e en feuille de vigne. Polina à la maison, Poline à l’école. » (p. 102)

J’ai aimé les pages sur la reconquête d’un prénom mais aussi celle de la langue. Acquérir la langue française, ne pas perdre la Russe… la réflexion autour de l’accent (elle est la seule de la famille qui le perd totalement), cette alternance entre la langue de la maison et celle de l’école. J’ai trouvé la réflexion sur son conflit de loyauté vis-à-vis de son pays natal et de son pays d’adoption intéressante. Son prénom c’est celui que son père a francisé pour être mieux intégré et pourtant elle porte celui de sa grande-mère Polina qui elle-même avait un prénom russisé, Pessah, prénom juif estimé trop dangereux à son époque.. Changer les prénoms pour se protéger, Polina ne veut plus de ça, elle veut croire en une France qui accepte son prénom russe et sa culture, elle ne veut pas trahir ses origines.

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