Pour celles qui me suivent depuis longtemps, vous le savez, j’aime accorder mes lectures avec les saisons et aussi avec mes voyages. Voyage en Italie, donc littérature italienne… et là j’ai bien vu que je n’avais aucune référence, que c’était une littérature que je ne connaissais absolument pas. Alors j’ai choisi ce livre un peu au hasard, d’abord parce que l’auteur est napolitain (et que nous nous arrêtions à Naples), ensuite parce que je vois souvent le nom de l’auteur sans jamais m’y être arrêté.
Ce que je retiendrais de ce roman, ce n’est pas l’intrigue mais c’est la plume d’Erri De Luca. J’ai trouvé qu’il y avait quelque chose de très poétique, que les paragraphes ressemblaient davantage à de la prose poétique, qu’il y avait une beauté étourdissante dans ces tournures et dans cet enchaînement de très courts paragraphes (souvent restreints à une seule phrase d’ailleurs). « Tu dis qu’il y a du silence dans cette pièce ? Il est oppressant quand j’arrête de parler. Je ne l’entends pas, je suis sourd au silence. » (p. 34) Les phrases sont courtes, il y a un rythme vraiment particulier, une mélodie je dirai même.
Dans un dialogue avec son fils imaginaire, le narrateur évoque ses souvenirs en Italie, son départ, sa famille, son engagement. De portée autobiographique, ce dialogue permet de montrer grâce aux morceaux de vie relatés les failles mais aussi la fragilité de la vie humaine. Il met en avant la passion de la littérature et l’écriture, un axe d’existence pour lui. « L’écriture est mon aujourd’hui et je suis content qu’elle soit, quelque part, l’aujourd’hui d’un lecteur. Les Lecteurs suivants auront leurs auteurs suivants, car je reste persuadé que, tant que l’espèce humaine existera, elle continuera à se faire raconter des histoires. » (p. 106) Les réflexions sur son rapport à la littérature et à l’écriture sont très belles, elles sont marquées de modestie et font réfléchir à notre relation au monde.
Ce n’est pas un roman qu’on lit facilement, il demande d’étre attentif (ce qui n’a pas toujours été mon cas), en revanche, la beauté et la grâce de son écriture m’ont à chaque fois rattrapée. Mes pages préférées restent celles sur Naples, sûrement parce que j’étais plongée dans cette vie que j’ai trouvée incroyable. Dans ce texte, l’atmosphère de Naples est là, on y sent son âme. J’ai adoré les passages sur son enfance à Naples, cette ville bouillante et bouillonnante, cette ville brûlante et indomptable à l’image de son volcan qui la domine.
« Et voilà l’équivoque de Naples, ville théâtrale : si la scène est partout, il n’existe pas de scène, qui est un plan surélevé au-dessus du public. […] Ce n’est pas la ville qui imite le théâtre, mais l’inverse : le théâtre singe la ville la plus grouillante de caractères et de personnes au kilomètre carré. Où chacun est soi-même avec une précision d’horloger et où les troubles de la personnalité sont des dons et non pas des symptômes auxquels remédier. Effet du volcan qui les presse. » (p. 66) Ce volcan est très présent, il explique un attachement fort de l’auteur à la montagne. Il surplombe cette ville et l’auteur, alors sur le point de la quitte, gravit le Vésuve pour la première fois « Je me permets de conseiller à quelqu’un sur le point de quitter Naples d’aller la saluer de là-haut » (p. 69)
On m’a conseillé de poursuivre la lecture de cet auteur avec Montedidio et Le poids du papillon, certaines les ont-elles lus ?