Fleurs de Chine – Wei-Wei (Edition de l’aube)

J’ai ce roman depuis plusieurs années sur mes étagères, un pavé qui m’a longtemps fait peur. Et pourtant… même si j’ai mis presque trois semaines à le lire, j’ai adoré et je vous le recommande ! L’écriture est belle, c’est assez dense, il y a beaucoup de détails et l’intrigue narrative est subtile. Fleurs de Chine ce sont les héroïnes de ce roman, une dizaine de femmes qui portent toutes un prénom de fleurs. Chaque chapitre se concentre sur une femme, sur une période historique… parfois dans la narration, il est fait mention au village d’une des autres femmes. Il y ainsi des croisements et des entremêlements subtiles, ces mêmes ayant des ancêtres communs, ou venant de la même contrée. Ce roman est donc une plongée dans la vie des femmes chinoises, c’est une fresque fascinante et captivante, entre la Chine traditionnelle et la Chine d’aujourd’hui.

Celle qui m’a le plus marquée, c’est Chrysanthème. Elle est celle qui participe à la Longue Marche, celle qui traverse la Chine, on tremble lors du récit de cette longue marche qu’elle raconte en détail. Elle évoque le groupe de femmes, l’errance, la faim, le froid, la peur, les combats. J’ai trouvé ce chapitre incroyable, la destinée et le courage de cette jeune fille qui abandonne son petit village pour traverser toute la Chine. Chaque chapitre évoque les épreuves, les espérances de ces femmes chinoises. Il y a Lotus qui se bat pour sauver sa terre contre la jalousie des gens de son village… Il y a Pivoine marquée par la politique de l’Enfant unique, prête à faire n’importe quoi. Il y a Jasmin, victime d’un mariage arrangé. De ces portraits de femmes se dégage un fil rouge. C’est Ketmie : Ketmie c’est celle qui apparaît entre certains chapitres, elle incarne une voie nouvelle, celle de l’indépendance, de voyages en rencontres, elle recueille des témoignages. Grâce à elle, des vies se rejoignent, des récits se recoupent et des histoires trouvent enfin leur conclusion. Elle est le fil qui noue plusieurs existences, le fil qui tisse une destinée collective, le fil qui relie les différents livres de la grande histoire des filles de la Chine. Les hommes sont largement absents de ce roman, ils sont secondaires, en arrière-plan ; c’est bien la femme et la condition féminine qui est le coeur de ce roman.

L’écriture est agréable (Wei-Wei écrit directement en français), certains portraits de femmes m’ont moins captivés et la construction est parfois déroutante car on ne s’attend pas à certains entremêlements, on a le sentiment que chaque chapitre est clos définitivement, parfois oui, parfois non (mais on le découvre plusieurs centaines de pages après). Pour terminer, un petit extrait « Aurore s’oppose farouchement à l’idée traditionnelle selon laquelle la vertu d’une femme réside dans son ignorance, et s’applique à apprendre à ses camarades illettrées à lire et à écrire. L’émancipation des femmes, dit-elle souvent, doit passer par la voie de l’éducation. »

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