Depuis que je mène un projet « jardin » avec mes classes de 6e, je lis beaucoup d’oeuvres parlant de la nature, je connaissais donc ce recueil et quelques uns des textes qu’il y a dedans mais je n’avais jamais pris le temps de le lire.

J’ai trouvé la préface très intéressante. Patrick Scheyder nous rappelle que, portée par « le bon sens rural » et des lectures des scientifiques de son époque, elle se passionne pour la nature et la terre. L’ouvrage est donc un recueil d’extraits d’oeuvres, de réflexions personnelles et d’articles, il débute par les souvenirs d’enfance de George Sand.

Sand et la nature, c’est d’abord son enfance dans le domaine de Nohant, dans le Berry. Sa grand-mère l’initie à l’observation et à l’appréciation de la nature. Des extraits d’Histoire de ma vie émane aussi l’importance de Jean-Jacques Rousseau. Ces pages autobiographiques sont touchantes car on perçoit cette éducation et cette sensibilisation à la nature. Le second chapitre « L’humain et la nature », composé d’extraits de lettres, m’a laissé quelque peu indifférente en revanche – la prose y était moins belle – George Sand prône une harmonie entre la nature et l’humain. J’ai découvert ensuite la passion de George Sand pour les oiseaux, les champignons, la botanique et les minéraux qu’elle observe au cours de ses nombreuses promenades.

Mes pages préférées sont celles sur la forêt et sur les paysans. Nourrie de la culture de sa terre (G. Sand possède un domaine de 250 hectares), elle défend l’homme et la terre, elle dépasse le mythe romantique de la forêt comme lieu de rêverie. Pour elle, la nature est un bien commun, un symbole de l’égalité des hommes et sa destruction ou sa privatisation sont condamnables. Son texte sur la forêt de Fontainebleau est incroyable de vérité. Elle avait tout dit. Ce que j’ai adoré, c’est aussi le plaisir qu’elle a à parler de la forêt, elle exprime ses sentiments d’admiration et de bienêtre et on sent que le discours est sincère « Quelle merveille que cette forêt bénie! […] Ces longues promenades, ces jours entiers au grand air sont toujours de mon goût et cette solitude, ce silence solennel à quelques heures de Paris sont inappréciables » (p. 63) Cet amour de la forêt lui permet de la conter merveilleusement.

En 1872, elle s’engage pour la « protection artistique » de la forêt qu’elle considère comme « un monument naturel » (p. 66), « le dépecer, le vendre, c’est l’anéantir. Ce serait une honte » (p. 66). C’était un texte dont je connaissais des extraits. Il est somptueux. J’ai trouvé qu’elle était d’une lucidité incroyable « il est bien prouvé que supprimer leur émanation -celle des grands végétaux-, c’est changer d’une manière funeste les conditions atmosphériques de la vie humaine. » […] c’est aussi appauvrir le sol qui est doué d’une circulation sous-cutanée. » (p. 68). Si je m’écoutais, je citerai toute les pages. Face à la consommation de bois et à l’exploitation croissante des forêts, elle n’a pas seulement en tête la forêt française mais elle a une vision plus globale des forêts « Mais la forêt vierge va vite aussi et s’épuisera à son tour. Si on n’y prend pas garde, l’arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par dessèchement sans cataclysme nécessaire, par la faute de l’homme. » (p. 75)

Ce que j’ai admiré dans les propos de George Sand c’est qu’elle anticipe sur nos problèmes actuels, elle défend ce qui se ne nomme pas encore la biodiversité mais elle a perçu son importance capitale pour la salut de la planète. Elle est une écologiste avant l’heure. Elle est une visionnaire et certaines phrases sont incroyables de modernité. Elle défend la forêt, s’intéresse à la botanique et considère toute destruction de la nature comme contraire aux fondements de la société. Une dernière petite phrase en espérant que je vous ai convaincu d’aller lire les écris sur la nature de George Sand : « Beaux et respectueux jusque dans leur décrépitude, ils appartiennent à nos descendants comme ils ont appartenu à nos ancêtres. »

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