Le Bagnard, c’est le héros de ce roman : Gabriel Lambert, un forçat du bagne de Toulon, qu’Alexandre Dumas croise mais ce visage lui rappelle quelqu’un. Il faut qu’il parvienne à mettre un nom sur ce visage. Serait-ce ce dandy, cet élégant vicomte aperçu jadis au balcon de l’opéra de Paris et qui avait affronté en duel son ami ? A partir de cette rencontre, Alexandre Dumas raconte de cet homme, à la fois ambitieux , espiègle et craintif.

Gabriel Lambert a une personnalité difficile à cerner : tantôt timide fragile et peu assuré, il prend de l’assurance lors de son apprentissage. Mais il veut réussir sans travailler, il est ambitieux et fait usage de faux afin de devenir le méprisant Vicomte Henry de Faverne avant de finir peureux face au bagne et à la mort : « le condamné était connu pour son excessive lâcheté » (p. 199). Tout est dans le titre. L’antithèse relève cette personnalité contradictoire: l’Opéra, lieu du luxe, lieu des dandys parisiens, lieu de l’apparence et puis le bagne, les condamnés, les chaînes, les travaux forcés, les cachots lugubres et la mort qui rôde.

Alexandre Dumas, passionné de théâtre, a le goût du dialogue, ils sont nombreux et dynamisent grandement le récit. Mais ils permettent aussi de donner une humanité à chacun des personnages même s’ils sont secondaires. Alexandre Dumas donne une personnalité à chacun d’entre eux soit par le biais d’un accent, d’un surnom, d’une âme (je pense au père de Gabriel Lambert qui est très touchant ou encore à Marie). Bien que le récit soit court, il est assez foissonant et l’intrigue est complexe. Alexandre Dumas est lui-même le narrateur des premiers chapitres et des derniers, il laisse ensuite la narration au docteur Fabien. Les récits imbriqués les uns dans les autres donnent de la force au récit et permettent d’avoir le point de vue de Dumas lui-même. J’ai trouvé aussi que les thèmes abordés étaient très intéressants : la question du faussaire mais surtout il y a une réflexion sur la condamnation à mort et « cette chose infâme qu’on appelle le bagne » (p. 19). Même si Alexandre Dumas ne se positionne pas réellement, il parle de cette question, il soulève une réflexion plus qu’il ne donne son avis. Amateur d’histoire, on croise Vidocq, le chef de police ancien forçat mais aussi le roi Charles X. C’est, certes un court récit de Dumas, mais une grande histoire.

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