» Notre amour est réglé par les calmes étoiles /  Or nous savons qu’en nous beaucoup d’hommes respirent /  Qui vinrent de très loin et sont un sous nos fronts »… à partir de ces vers de Guillaume Apollinaire, elle réfléchit à sa saga familiale. Au décès de son père, elle découvre un trésor : des lettres, des cartes, des photographies… les archives familiales ! Ses ancêtres, hommes et femmes, reprennent vie sous sa plume et une vie plutôt romanesque.

Elle raconte son parcours : celui d’une petite fille passionnée de littérature qui devient écrivain pour jeunesse. J’ai aimé sa remarque sur le fait que l’écrivain pour jeunesse s’adresse à un public toujours jeune d’où son besoin de se renouveler. Elle évoque cela quand elle parle des classes qu’elle visite (je n’avais moi-même pas réalisé que j’ai la jeunesse éternelle devant moi alors que l’écart se creuse entre eux et moi). C’est une image que j’ai aimé. Beaucoup de pages sont intimes. Elle parle de son enfance, de ses désirs, de la maternité, de la sexualité, de sa découverte et de son amour pour Dickens. Elle se livre avec tendresse, courage et authenticité. C’est sensible et drôle parfois.

J’ai adoré toute la documentation : des photographies de famille, des menus, des pages manuscrites issues de carnets intimes ou de lettres. (J’en profite pour parler de l’édition très belle, des pages blanches, très blanches, bien épaisses, vraiment très joli travail !) Ce qu’il y a de très beau dans cette autobiographie, c’est qu’elle tisse un lien entre ses souvenirs et ses écrits: « D’où vient mon goût pour les histoires qui finissent bien ? Même dans la vraie vie, même dans les histoires ‘based on a true story’, j’attends obstinément l’heureux dénouement. » Mais dans ce recueil de souvenirs elle évoque sa passion pour l’enfance et sa passion pour la jeunesse « J’aime les jeux d’enfant, les mots d’enfant, les chansons d’enfant, les histoires d’enfant. C’est la culture des enfants que j’aime, les Barbapapa, Nils Holgersson et Cadet Rousselle. J’ai toujours aimé.. »

Ce livre a une construction curieuse, c’est à la fois très personnel et intime mais il a presque une construction romanesque ou bien le récit tel qu’il est mené m’a paru plus romanesque qu’autobiographique (je parle bien de la manière dont c’est raconté et non du contenu qui ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est une autobiographie).

De l’histoire d’amour de ses grands-parents, à celle de ses parents puis à la sienne, les liens sont plus thématiques que chronologiques mais elle tisse des ponts entre ces trois générations d’hommes et de femmes dont elle préserve l’ héritage :  » En moi beaucoup de femmes respirent qui vinrent de très loin et sont une sous mon front. »

6 commentaires sur « En nous beaucoup d’hommes respirent. Marie-Aude Murail »

Laisser un commentaire