La Vallée perdue – Louis Bromfield – Stock (vieille édition mais tellement agréable à lire, ça faisait longtemps que je n’avais pas lu une vieille édition, ce fut un bonheur supplémentaire)

Voici un roman oublié, oublié sur mes étagères depuis bien longtemps, oublié aussi des éditeurs car il n’est malheureusement plus oublié mais si par hasard vous le croisez en brocante ou en bouquinerie, il ne faut pas hésiter. C’est un roman qui m’a fait un bien fou, il se dégage de cette nature une douceur de vie, un apaisement, un bien-être très agréable. L’écriture de Bromfield, auteur américain du milieu du XXe siècle, est fluide, simple mais assez poétique.

La Vallée perdue c’est l’histoire de Ronnie, le narrateur. Il passe ses étés dans cette vallée, dans la ferme de Clarendon avec son grand-père et sa tante Suzanne. J’ai beaucoup aimé le lien entre le grand-père et Ronnie, un lien de confiance, de complicité, de respect et de bienveillance. Chacun veille et apprend de l’autre. Ronnie a un ami plus âgé, Henry, avec qui il partage ses errances dans la jungle ou dans les prés, des heures de discussions à s’occuper de la ferme ou encore des soirées. Mais cet été-là, Ronnie apprend que « Henry s’est trouvé une poule ». Ronnie ne comprend pas cette expression. Plus qu’Henry, il questionne son grand-père qui plein de bienveillance envers Vinnie, accueille la nouvelle femme d’Henry avec hospitalité et sans aucun jugement. Au contraire avec Tante Suzanne, ils vont tenter de montrer à toute la vallée que sa réputation est erronée. Certes elle vient de la ville et non du petit village, mais c’est une femme courageuse qui participe aux travaux des champs et soutient Henry. Mais Ronnie est déçu, sa place de cœur auprès de son ami est prise. Cependant il apprend à la découvrir, et petit à petit il accepte la présence de cette femme car il voit son ami heureux et épanoui. C’est l’apprentissage de l’adolescence, petit à petit Ronnie découvre le monde des adultes : les préjugés, les rivalités… et puis les prémisses de la sensualité. Mais dans cette vallée, tout n’est pas doux. Quelques personnages viennent ternir ce petit monde.

« Sur l’aire, j’aidai Henry à empoiler les gerbes. Vinnie nous lançait du haut de la charrette. C’était un travail dur et sale, mais ça n’avait aucune importance. J’étais heureux d’être là, sur l’aire, et de travailler avec Henry. Et maintenant Vinnie ne semblait pas être entre nous. Tout à coup, elle semblait être un homme, un de nos bons amis. Nous étions trois camarades. » (p.68)

Un dernier extrait, le grand-père est un personnage très humain, très lucide, voici une des ces rares concernant l’éducation de son petit-fils (dont il est responsable car les parents de Ronnie sont décédés alors qu’il était en bas âge) : « Tu comprends, la vie que tu as mené jusqu’à présent a été un peu étroite, à l’école et dans la vallée. Ce sont des endroits charmants mais ils ont des limites. Ce sont de « petits mondes », complets en eux-mêmes, et le grand monde est tout à fait différent. » (p.156)

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